1,60 mètre. Ce chiffre pourrait ressembler à une ligne d’arrêt net, une frontière invisible dans l’arène du mannequinat de défilé. Pourtant, la réalité ne se laisse jamais enfermer dans une grille aussi stricte. L’industrie impose ses seuils, mais des failles, des exceptions, des chemins de traverse existent pour qui sait les saisir. Les cartes sont en train d’être rebattues, lentement, mais sûrement.
Les standards de taille dans le mannequinat : mythe ou réalité ?
Depuis des décennies, les agences martèlent leur dogme : il faut mesurer au moins 1,74 m pour avoir une chance de défiler, surtout dans l’univers élitiste de la haute couture. Pour les hommes, la barre se situe entre 1,83 et 1,88 m. Ce seuil, érigé en dogme par les acteurs du secteur, façonne depuis longtemps l’image que l’on se fait du mannequinat. Mais derrière ce mur de chiffres, que trouve-t-on vraiment ?
En dehors des grandes maisons, d’autres espaces s’ouvrent. Dans le mannequinat publicitaire, les profils “hors normes” s’invitent sans que la toise ne fasse toujours barrage. Les mannequins de petite taille, longtemps relégués, trouvent leur voix, notamment dans la publicité ou chez des marques qui cultivent la différence. Les mensurations idéales ne règnent plus en maîtres absolus, du moins une fois quitté le circuit fermé des podiums parisiens ou milanais.
Il existe différentes branches : éditorial, commercial, grande taille, petite taille. Si la Fashion Week continue d’exclure la plupart des modèles en dessous de 1,70 m, des marques moins conventionnelles osent casser le moule, imposant des visages et des silhouettes qui détonnent. Alors, la taille reste-t-elle vraiment la clef qui ouvre toutes les portes, ou bien est-ce la persistance d’une tradition qui a du mal à lâcher prise ?
Sur le terrain, la mutation s’annonce timide. Les critères historiques tiennent bon, surtout pour le mannequinat haute couture. Pourtant, chaque saison, quelques exceptions viennent rappeler que la mode n’est jamais totalement figée, et que la singularité peut, parfois, s’imposer là où on ne l’attendait pas.
Être à 1,60 m : quels obstacles sur les podiums, et pourquoi persistent-ils ?
Le défilé, c’est l’épreuve du feu. Les codes sont clairs : la taille minimum s’impose, et les agences filtrent sans relâche. Les mannequins jugés “trop petits” sont souvent écartés d’emblée, sans même pouvoir défendre leur chance devant le jury du mannequinat haute couture. Mais pourquoi cet entêtement ?
Tout est question d’harmonie visuelle. Les créateurs veulent une rangée de silhouettes alignées, élancées, cohérentes, où chaque centimètre compte pour la mise en valeur du vêtement. Les patrons sont conçus pour des tailles standardisées, et la coupe parfaite exige une certaine proportion. À 1,60 m, la ligne d’un manteau, la chute d’une robe, tout se modifie imperceptiblement, mais cela suffit à inquiéter les décideurs.
L’enjeu n’est pas purement esthétique. La Fashion Week joue sur la scène mondiale, et pour beaucoup de marques, la moindre différence est perçue comme un risque. Le monde de la mode avance, mais à pas comptés. Oser briser le moule n’est pas encore la règle. Si quelques créateurs osent, la majorité se retranche derrière l’uniformité : plus facile à vendre, plus rassurant pour les clients, plus simple pour les agences.
Avoir 1,60 m demande donc de la ténacité, une capacité à encaisser les exclusions, à affronter les regards sceptiques. L’industrie observe, s’interroge, mais le verrou n’a pas encore sauté.
Des parcours inspirants : quand la passion dépasse les centimètres
Dans les coulisses de la publicité ou les studios du mannequinat commercial, la diversité s’insinue, portée par des talents qui n’entrent pas dans le moule habituel. À 1,60 m, si les podiums demeurent souvent hors d’atteinte, d’autres voies s’ouvrent. Les mannequins de petite taille investissent des campagnes prestigieuses, posent pour des magazines spécialisés, collaborent avec des marques à la pointe.
Un casting pour une campagne de baskets, une séance photo pour une marque de cosmétiques, un spot pour la télévision : dans le mannequinat publicitaire, la différence devient un atout. La carrière se construit hors des sentiers battus de la haute couture. Sur les réseaux sociaux, certaines personnalités se démarquent, attirant l’œil des agences ouvertes à la nouveauté. Londres, Berlin ou Paris voient émerger des agences qui misent sur cette nouvelle image du mannequinat.
Voici quelques exemples qui illustrent ce virage du secteur :
- Des modèles qui assument leur taille et imposent leur style, loin des standards figés.
- Des femmes et des hommes qui transforment ce qui aurait pu être un handicap en véritable signature personnelle.
Instagram bouleverse la donne : un visage, une attitude, une histoire authentique suffisent à susciter l’intérêt d’une marque. La mode ne se limite plus à un profil unique. Les mannequins grande taille, comme ceux de petite taille, s’imposent peu à peu, effaçant l’idée d’un modèle unique et inatteignable. La diversité, que l’industrie a longtemps ignorée, se fraye un chemin à force de détermination.
Conseils pratiques pour se lancer dans le mannequinat, quelle que soit sa taille
Construisez votre image, maîtrisez vos outils
Un portfolio soigné constitue votre premier allié. Il faut miser sur des photos naturelles, nettes, sans filtres excessifs. Les polaroids, en lumière du jour, avec des prises de vue en portrait et en plein pied, restent incontournables. Complétez le tout avec une comp card à jour : recto avec votre photo, verso pour vos mensurations. Ce book évolue au rythme des expériences, même locales ou bénévoles.
Choisissez votre agence, ciblez les castings
Repérez les agences qui valorisent la diversité des profils, taille comprise. Certaines structures, à Paris ou à Berlin, recrutent justement pour des campagnes publicitaires ou des shootings e-commerce qui recherchent autre chose que la norme. Chaque casting impose ses critères : il faut donc bien lire les attentes avant de postuler. Préparez une présentation concise, soignez votre posture, affichez un regard assuré.
Quelques points de vigilance peuvent faire la différence lors d’un casting :
- Entretenez votre santé, veillez à votre énergie et récupérez bien après chaque shooting.
- Informez-vous sur les clients et adaptez toujours votre style à l’univers visé.
- Rencontrez, échangez, développez votre réseau au sein du milieu du mannequinat.
Adaptez votre trajectoire
La carrière de mannequin ne se limite pas à un seul parcours. Mannequinat commercial, publicité, mode digitale : chaque univers possède ses propres codes. Les agences à la recherche de mannequins “hors taille” misent sur la personnalité et la présence, pas seulement sur les centimètres. Restez persévérant, votre singularité peut devenir votre meilleur atout.
Si les podiums classiques restent encore jalousement gardés, la mode n’aime rien tant que l’inattendu. Un jour ou l’autre, la règle du mètre soixante-quatorze pourrait bien ne plus faire la loi. Pourquoi ne pas forcer le passage, là où tout le monde attend que l’on fasse demi-tour ?


